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Cool Japon
28 février 2014

Une chronique de voyage au Japon, à travers sa face cachée

Conte 7:   Ôsaka

 

 

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Un des buts de notre voyage était de visiter des œuvres d’architecture conçues par Tadao ANDO. Nous avions déjà parcouru une dizaine de ses œuvres lors du dernier voyage il y a 4 ans. La suite était donc au programme de ce voyage.

 

Lorsque j’ai rencontré l’œuvre de Tadao ANDO pour la première fois, j’avais l’impression d’entrer dans un monde hostile, fermé par un mur de béton.  Mais cette sensation a été rapidement  dissipée au fur et à mesure de la découverte sur sa conception d’architecture et ses réalisations, en effet, en béton;  son béton ne reflète pas de froidure comme dans un building, mais dégage de la chaleur comme du bois. Il se métamorphose en un élément de la nature s’accommodant parfaitement avec de la lumière, de l’eau, des arbres, du ciel, et surtout des êtres-vivants. Il respire de la vie née de la nulle part en pleine nature. C’est une création.

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Bref j’ai été complètement envahi par une puissance de la nature vivante.  C’est un magicien de la vie, ce Monsieur Tadao ANDO.

 

Il est né à Osaka en 1941. Après ses études secondaires dans un lycée professionnel à Osaka, au lieu de fréquenter une école d’architecture,  il est directement parti en vagabondage de 4 ans dans les quatre coins du monde pour sentir avec son propre corps la beauté d’arts plastiques du Parthénon, des concepts ancestraux d’habitats villageois construits avec des matières locales, en Asie, en Afrique, en Grèce, puis le Corbusier en France.  Cette expérience lui a permis d’imaginer comment et dans quel cadre les gens faisaient face à la vie. Au retour, il a directement préparé en autodidacte les examens d’état pour devenir un architecte de première classe, ce qui donne, au Japon, un plein pouvoir fonctionnel en tant qu’architecte.

 

Le point de départ d’architecture pour lui était de l’habitat, affirme Tadao ANDO dans son livre intitulé « J’ai rêvé en architecture ». Le concept d’habitat était né du désir originel de l’homme. Il différentie selon le climat ou le mode de vie, dans lesquels chaque homme ou femme autochtone était placé. L’habitat d’alors n’était certainement pas fonctionnel, ni rationnel, mais il y reflétait un désir impétueux de vivre, qu’on ne retrouve plus dans nos habitats modernes. Il y avait certes une richesse authentique.

 

Par ailleurs, la plupart d’habitats modernes d’aujourd’hui sont construits avec une seule idée: la rationalité, et la fonctionnalité. Puis avec le progrès technologique, et le développement du système social, ils sont devenus incomparablement commodes et agréables. Comme chacun cherche le même confort, l’environnement d’habitats devient de plus en plus uniformisé partout dans le monde.

 

Tadao ANDO se demandait alors si la notion de commodité conduisait à la richesse, et si oui, quel était alors l’idéal revendiqué par l’architecture moderne.

 

L’habitat, qui est le fondement de l’âme de chacun, ne devrait pas être une marchandise sans personnalité. Les chefs d’œuvres d’habitats modernes conçues depuis un siècle n’avaient pas été construits simplement en suivant les livres d’architecture, non sans avoir de critiques féroces à leurs égards.  Ils sont le fruit de la lutte perpétuelle que chaque créateur  a conquis dans son âme débordante d’un rêve pour le futur, dit-il.

 

Tadao ANDO cherche toujours à donner une âme à chaque matériau, que ce soit du béton, du bois, de l’acier galvanisé, ou des coquillages, pour que l’ensemble de la construction murmure une histoire de la vie.

 

Il en a été couronné, entre autres, du Prix Pritzker  (équivalent du Prix Nobel d’architecture) en 1995, du Royal Gold Metal en 1997, d’AIA Gold Metal en 2002, ou du Prix de John F.Kennedy Center for the Performing Arts en 2010.

 

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Sur le 10ème étage du musée historique d’Osaka, une partie du palais principal de Naniwa a été reproduit en grandeur nature avec des alignements de colonnes de 70cm de diamètre peintes en vermeil pastel, et des serviteurs gracieux figés depuis l’éternité. C’était un palais éphémère qui fut bâti en 652 par l’empereur Kôtoku. D’après le livre d’histoire «Nihon Shoki » édité en 710, il était d’une splendeur indescriptible. Mais un incendie le ravagea complètement en 686.

 

L’architecte argentin Cesar PELLI a conçu le bâtiment de manière à ce que les visiteurs du 10ème étage voient en panorama le grand parc boisé situé juste aux pieds du musée, où se trouvait l’emplacement du palais de Naniwa. Il a voulu faire voyager les visiteurs dans le temps, de la reproduction du palais en grandeur nature conçue selon plusieurs écrits d’histoire à la contemplation sur le parc où chacun imagine son palais disparu en remontant 14 siècles en arrière.

 

Protégé par un cloitre fermé étendu de 185m à l’est-ouest, et de 200m au nord-sud, le palais principal avait une imposante figure de 36m à l’est-ouest, et de 19m au nord-sud. Ce fut l’ébauche de la première civilisation à Osaka.

 

Au fur et à mesure que l’on descend les étages du musée, on parcourt chronologiquement l’histoire d’Osaka jusqu’à aujourd’hui à travers des reproductions de scènes marquantes. Ce genre de concept est moderne à savoir qu’en supprimant la barrière de vitrines entre les expositions et les visiteurs, il les fait entrer dans chaque moment de l’histoire.  Il y a d’autres musées comme le musée Edo-Tokyo qui avait été construit en 1993 de la même manière. L’architecte japonais Kiyonori KIKUTAKE avait dessiné le musée à l’image du donjon du château d’Edo (Edo est l’ancienne appellation de Tokyo entre 1603 et 1868) pour représenter la vie d’Edo et de Tokyo de manière vivante.

 

La préservation de l’histoire en mémoires vives est un devoir de l’homme. Elle se réalise seulement à la rencontre de ceux qui portent le projet vers le mûrissement d’idées d’un architecte.  

 

Après la visite de ce magnifique musée, nous avons décidé de faire un quartier libre, où Philippe continua sur sa lancée pour visiter la gare de Naniwa construite par ANDO en 2008, et moi, j’ai décidé d’aller me tremper jusqu’aux épaules dans les bains de Naniwa yu.

 

A suivre

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  • Tout d’abord, bienvenue à tous sur ce blog, dont l’objectif sera de partager avec vous le Japon insolite et méconnu. Je ne chercherai pas à retracer l’histoire du Japon, ni à faire un guide touristique, mais bel et bien à partager avec vous mes émotions.
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