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Cool Japon
15 mars 2014

Une chronique de voyage au Japon, à travers sa face cachée

Conte 9:    Kanazawa

 

 

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A la bataille décisive de Sekigahara en 1600 entre le clan Toyotomi et le clan Tokugawa pour déterminer le futur maître du Japon qui jusque-là était régné par des seigneurs belliqueux,  le gouverneur Maéda de la ville de Kanazawa prit position sans hésitation pour le clan Tokugawa à l’époque où le calcul retors, la trahison étaient des mots utiles dans les mœurs de seigneurs.  Après avoir accompli des exploits braves au sein des 70000 soldats d’allier pour mater le clan Toyotomi qui était massé plus nombreux avec quelques 80000 soldats, il fut récompensé par le Shogun Tokugawa Iéyasu en devenant le plus riche seigneur du clan Tokugawa avec ses rétributions annuelles d’un million de koku de riz (1 koku = environ 180 litres). La ville était donc restée prospère durant toute l’ère Edo.

Par ailleurs, le Shogun Tokugawa permit diplomatiquement à tous les seigneurs (appelés daimyô) aussi bien des vainqueurs que des vaincus d’avoir une demeure à Edo, où étaient invités à vivre auprès du Shôgun leurs femmes et leurs fils héritiers. Puis petit à petit, cette permission se transforma en un devoir.  Le Shôgun instaura ainsi un système d’otages qui obligea chaque seigneur de venir à Edo pour montrer leurs pattes blanches au Maître du Japon (appelé Sankin Kôtai). La fréquence de voyage était d’un voyage tous les trois ans avec un séjour de 100 jours à Edo.

Fort d’une prospérité de Kanazawa, le gouverneur Maéda emmena 2000 vassaux en cortège à chaque voyage à Edo, ce qui lui aurait coûté une somme faramineuse d’ environ 14 millions d’euros pour un voyage aller-retour sachant qu’il y a plus de 500 km à pieds entre Edo et Kanazawa. Ce fut aussi une ruse du Tokugawa pour affaiblir le pouvoir financier de chaque seigneur.

Ainsi la paix de l’ère Edo a duré tout le règne du Shogun Tokugawa de 1603 à 1868 au détriment financier et sentimental de chaque daimyô.

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Fort heureusement, Kanazawa n’a pas été touché par le bombardement de la dernière guerre mondiale. Les héritages historiques de l’époque d’Edo comme des allées traditionnelles avec des demeures de Samurai, ou des quartiers d’auberges traditionnelles avec du commerce des artisanats locaux ont été bien préservés.  Kanazawa est une ville culturelle qui fait entrevoir la prospérité d’antan à travers des artisanats traditionnels comme la teinture sur tissu, la céramique, des feuilles d’or fines pour ornements, la fabrication du koto (instrument musical traditionnel avec 7 cordes joué par une femme assise), des boitiers laqués, etc.

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L’origine du nom Kanazawa pourrait venir d’une légende contant de pépites d’or découvertes dans une rivière de la ville. Ceci dit, les mines d’or de Kanazawa avaient été abandonnées il y a longtemps. Par contre, il y a développé une spécialité d’artisanat de feuilles d’or. On en utilise pour la décoration de pièces laquées, de tissages, ou de la céramique. En effet,  Kanazawa s’écrit en calligraphie une rive de rivière d’or.

Devant la gare de Kanazawa, nous avons pris un bus local pour aller au centre-ville commerçant appelé Katamatchi, où était situé notre hôtel.  Initialement, j’avais réservé 3 nuits dans une auberge de jeunesse de Kanazawa. Mais deux mois avant notre départ, elle m’a contacté pour dire que l’auberge sera désormais  fermée définitivement. Il n’y avait pas assez de fréquentation à cet endroit à cause des nombreux hôtels dits « low cost ».

Notre hôtel se situait juste derrière le grand carrefour de Katamatchi au calme. L’accueil était correct, mais seulement en Japonais. Lorsque l’on a vu notre chambre à deux lits séparés assez spacieuse et très propre avec une douche et WC, on s’est dit de suite que l’on resterait une semaine dans cet hôtel…  Environ 35 euros par personnes avec un petit déjeuner au buffet (donc à volonté) compris.

Le personnel d’accueil nous a prêté deux grands parapluies et un plan de la ville pour aller au musée Kanazawa du 21ème siècle d’arts contemporains. Il pleuvait continuellement à l’extérieur. Comme l’après-midi avançait surement, nous avons pris un taxi pour gagner du temps.

Le musée Kanazawa du 21ème siècle d’arts contemporains est  un bâtiment géométrique inattendu dessiné par SANAA (Association de Mme. Sejima et Mr. Nishizawa). Depuis l’ouverture en octobre 2004, plus de 1.3 millions de visiteurs ont fait la queue chaque année.

Un grand cylindre, qui dessine le contour du bâtiment, contient des cubes petits et grands, des parallélépipèdes rectangles petits et grands, et un petit cylindre dont le toit de l’ensemble fait horizontalement relief à cause de la différence de la hauteur de  chaque pièce. Ces pièces sont agencées de manière à ce que les couloirs en damier soient formés entre les pièces qui font elles-mêmes les salles d’exposition. Les mots clef de la construction étaient de « facilité d’accès, Joyeux, facilité d’utilisation », ce qui est un peu différent de musées traditionnels. Le concept du bâtiment en a découlé ainsi : la multi-direction, l’horizontalité, la transparence.

Comme le musée avec sa forme cylindrique est entouré de la rue en 3 directions, la multi-direction voulait signifier qu’on peut y accéder de partout sans passer forcément par la porte principale.

Les salles d’exposition, le café-restaurant, la librairie d’arts sont disposés horizontalement sur un seul étage pour créer une atmosphère de la ville en circulant dans les couloirs du musée. C’est l’effet escompté par l’horizontalité.

A travers des murs intérieurs et extérieurs en vitres du bâtiment, SANAA voulait mettre l’accent sur la clarté, la transparence, et l’ouverture. En même temps, il y a une mise en scène voulue par cette transparence pour les visiteurs qui peuvent s’observer mutuellement à travers des cloisons transparents.

Un couloir rectangulaire transparent entouré de plantes variées de la région a été conçu en 2004 par le biologiste français Patrick Blanc. Les plantes changent de l’aspect selon les saisons, donc le couloir avec.

Il y a des expositions vraiment étonnantes comme « la piscine » créée par l’argentin Leandro Erlich, « Bleu Planet Sky » par l’américain James Turrell,  « Klangfeld Nr.3 für Alina » par l’allemand Florian Claar, « Siren » par le coréen Lee Bul, « I am here, but Nothing » par le japonais Kusama Yayoi, « l’anneau de traversins » par la française Annette Messager, « Map » par la libanaise Mona Hatoun, « Platon’s Orgel » par le japonais Kawasaki Kazuo, « l’homme qui mesure des nuages » par le belge Jan Fabre, ou pleins d’autres.

Chaque créateur choisit ses matériaux, ses couleurs, ses lumières, ses ombres, ses positions pour exprimer ses sensations, ses satisfactions, ses frustrations, ses admirations, ses craintes, ses dégouts, ses joies, ses interrogations, ou d’autres dans une liberté choisie par lui-même. Je dirais que c’est un art qui est né de la profondeur de l’égo.  Je conseillerais donc à chaque visiteur d’être muni d’une boussole pour ne pas perdre la sortie.

SANAA a talentueusement contribué à la réalisation d’un musée « ouvert » où les visiteurs se sentiraient comme ceux d’un parc d’attractions.  D’ailleurs, je me réjouirai de voir l’ouverture prévue en 2014 du grand magasin Samaritain à Paris rénové également par SANAA.

La pluie tombait continuellement sur Kanazawa.

 

A suivre au mois de mai lorsque je reviendrai de Kyoto

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  • Tout d’abord, bienvenue à tous sur ce blog, dont l’objectif sera de partager avec vous le Japon insolite et méconnu. Je ne chercherai pas à retracer l’histoire du Japon, ni à faire un guide touristique, mais bel et bien à partager avec vous mes émotions.
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