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Cool Japon
9 juillet 2014

Une chronique de voyage au Japon, à travers sa face cachée

 

Conte 13:     Héritages culturels à Kanazawa

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Les quartiers des anciennes demeures de Samurai se situent non loin du château de Kanazawa où résidait la lignée des Gouverneurs Maéda.  Les  murs délimitant chaque propriété sont ornementés de tuiles.  La qualité artistique de tuiles et la hauteur du mur étaient le synonyme de l’importance de la famille.  Avec une grandeur de la demeure qu’on pouvait entrevoir au-dessus du mur, c’était un signe extérieur d’ostentation pour que l’homme de la rue puisse imaginer l’influence.  

 

Aujourd’hui des petits musées ou des boutiques des articles traditionnels se mettent parmi des anciennes maisons de vassaux de Maéda. Nous avons été attirés par une maison de style ancien précédée par un portail avec deux portes coulissantes.  Une femme en kimono nous a priés de bien vouloir entrer à l’intérieur de la boutique qui exposait des centaines de céramiques de la région. Après avoir enlevé nos chaussures, nous avons franchi une marche pour pénétrer à  l’intérieur de la maison en tatami. Deux femmes d’accueil nous ont salués gracieusement souhaitant la bienvenue. Nous avons déposé d’abord nos sacs à dos bien chargés à côté de l’entrée pour ne pas nous comporter comme des éléphants dans le magasin de porcelaines.

 

La céramique de la région de Kanazawa s’appelle Kutani Yaki, qui avait été lancé par le premier gouverneur Maéda au milieu du 17ème siècle. Il y a des bols, des tasses, des assiettes, des vases petits, grands, plats, ou hauts, avec des motifs comme des estampes japonaises dessinés à la main. Ce sont surtout des pièces d’art appréciées dans le cadre de la cérémonie du thé, de l’arrangement floral, ou des décorations  de la maison. Ils sont rarement utilisés comme des ustensiles ménagers de la vie quotidienne.  Le prix varie donc de 10 euros à des centaines de milliers d’euros la pièce. Bref la beauté raffinée du Kutani yaki n’a pas de prix pour les connaisseurs, nous persuadâmes-nous en achetant respectivement 6 assiettes et un vase.

 

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Il n’est pas excessif de dire que la culture zen constitue une base spirituelle des Japonais. La cérémonie du thé, l’arrangement floral, l’aquarelle en encre de chine sont tous nés dans cette pratique.  Les Japonais ne cherchent pas simplement à apprendre à boire du thé, ou à faire un arrangement floral, ou à dessiner une aquarelle.  Il y a ,certes, une communication spirituelle entre soi et l’environnement tels que le hôte qui prépare du thé pour une cérémonie, une fleur dans un vase placé dans une pièce sobre, un bol de thé donc une céramique de maître, ou des branches d’arbres en ombre chinoise à travers une fenêtre de papier, de même qu’entre soi et un arrangement qui se crée avec chaque branche de fleur, ou entre soi et un pinceau imbibé à la touche du papier prêt à transmettre la puissance de la vie sur le papier. Les Japonais ont toujours vécu inconsciemment dans cette culture de dialogue avec l’environnement qui les entoure. Nous avons besoin d’entendre la voix discrète de tout notre entourage que ce soit de l’eau, un arbre, une montagne, le soleil, la lune, du vent, un maître, un disciple, autrui, un bol, un vase, des branches en ombre chinoise, ou d’autres.

 

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Le zen est une variante du bouddhisme introduit au Japon de la dynastie Song en 13ème siècle par le bonze Dôgen. L’enseignement est que chaque homme a l’âme du bouddha à l’intérieur de soi-même. Il s’agirait donc de la retrouver à travers une méditation appelée Zazen (méditation en position assise en lotus).

 

Daisetz Suzuki, un bon camarade de classe à Kanazawa avec Kitaro Nishida, s’orienta lui aussi vers la philosophie bouddhiste.  En publiant une centaine d’ouvrages dont une vingtaine en anglais sur le zen, il contribua ainsi à faire partager ses pensées bouddhistes avec des occidentaux. Il se maria en 1911 avec Beatrice Lane qui était une adepte de  la théosophie au collège Radcliffe. Et lui-même il en devenu un adepte lors de son passage en Inde. Ce qui est surprenant à l’époque d’un nationalisme naissant est qu’une pensée commune liait un Japonais bouddhiste et une Américain évoluée inséparables. Les pensées de Suzuki consistaient à admettre « la conscience de la spiritualité »dans l’essence du bouddhisme. C’est-à-dire qu’à travers une méditation en zazen, on atteint un domaine où la spiritualité deviendrait illuminante.  Comme il pensait que cette conscience était universelle, il publia beaucoup d’ouvrages en anglais pour la partager plus largement possible. 

 

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Ando a interprété les pensées de Kitaro Nishida en un musée comme le Parthénon. De même, Yoshio Taniguchi a traduit magnifiquement les pensées de Daisetz Suzuki en un bâtiment de musée en 2010 comme un miroir de conscience.

 

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Un long couloir obscur au bout duquel la lumière de jour par une petite ouverture sur le jardin projette comme une illumination dans une pensée incertaine.  Un grand camphrier centenaire dans le jardin extérieur  se reflète comme sur un miroir sur la cour intérieure remplie de l’eau limpide. Au milieu de cette eau, se jette comme un îlot un espace de contemplation où chaque visiteur assis immobile sur le tatami traverse à travers le miroir de conscience pour atteindre le domaine de la spiritualité.

 

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Beatrice et Daisetz reposent dans un cimetière de Kanazawa non loin du musée dédié à la mémoire du philosophe.

 

 

A suivre

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Commentaires
Cool Japon
  • Tout d’abord, bienvenue à tous sur ce blog, dont l’objectif sera de partager avec vous le Japon insolite et méconnu. Je ne chercherai pas à retracer l’histoire du Japon, ni à faire un guide touristique, mais bel et bien à partager avec vous mes émotions.
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