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Cool Japon
10 janvier 2014

Une chronique de voyage au Japon, à travers sa face cachée

Conte 6:      Osaka

 

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Une histoire de si est décidément commode pour réécrire de l’histoire dans la fiction.

 

En effet, si le clan Toyotomi, malgré leur supériorité en nombre, n’avait pas perdu la grande bataille de Sekigahara en 1600 départageant le règne du Japon contre le clan Tokugawa,  la ville d’Osaka aurait pu être la capitale politique du Japon à la place de Tokyo.  Le clan Toyotomi fut finalement anéanti par les alliés de Tokugawa en deux sièges mis successivement en octobre 1614 et en avril 1615 contre le château d’Osaka.

 

Le Shôgun Tokugawa résidait à Edo pour régner le Japon au nom de l’Empereur tandis qu’il restait à Kyoto sans avoir aucun pouvoir de contrôle sur le clan Tokugawa, ce que l’on appelle l’ère Edo qui a duré jusqu’en 1868 dans une paix d’insouciance.

 

Malgré l’implantation du quartier général du clan Tokugawa au sein du château d’Edo, Osaka était resté le centre commercial de tout le Japon. Les bateaux commerciaux venant du nord, ou du sud, tous se dirigeaient vers Osaka pour vendre des produits régionaux aux grossistes.  Puis de là, les marchandises étaient redistribués vers d’autres villes notamment Kyoto à une cinquantaine de km de distance, où résidaient les Empereurs successifs. Bref Osaka était, disons, comme le marché de Rungis, qui alimente non seulement la capitale de France, mais également toute la France avec des produits régionaux et exotiques.

 

Les gens d’Osaka avaient une réputation d’être très durs en affaires avec leur mentalité de commerçants aguerris.  L’image qu’on aurait d’eux est qu’ils soient toujours munis d’un « soroban » (boulier japonais avec 17 rangés de 5 boules coulissantes pour faire des calculs), prêts à engager une négociation avec quiconque dans un fort accent reconnaissable. Certainement je suis en train d’entrer dans le domaine de caricatures, où je peux même avouer que les gens de Tokyo dont je suis originaire seraient moins rationnels que ceux d’Osaka.

 

Par ailleurs, ils adorent manger des bonnes choses. Ils préfèrent dépenser un sou restant pour la nourriture que l’économiser pour le lendemain, s’écrient-ils. Ce sont des bons vivants peut-être contradictoires.

 

Lorsque l’on flâne dans les allées commerçantes de Midôsuji jusqu’à Shinsaibashi, où il y a toute sorte de boutiques, petites ou grandes, traditionnelles ou modernes, on se rend compte réellement qu’Osaka est une ville fondée sur le principe d’échanges commerciaux. Les dialogues de marchandage enjoués entre les commerçants et les clients seraient une façon naturelle d’aborder la vie.

 

En Europe, j’imaginerais la même ferveur commerciale, certes de différente manière, dans les villes hanséatiques comme Lübeck en Allemagne du 12ème siècle. Tous les bateaux de commerçants, venant de pays nordiques ou de pays baltiques se dirigeaient vers des villes portuaires d’Allemagne. Et les marchandises étaient redistribués vers d’autres pays comme la France, l’Italie, ou d’autres ; dire que la morue que les Italiens raffolent dans leur cuisine provenait de Bergen par l’intermédiaire du commerce hanséatique !  Cette tradition ancestrale qui a fleurie durant quatre siècles auraient forcément contribué au statut économique dominant d’Allemagne au sein de l’Europe d’aujourd’hui.

 

Lorsque les gens d’Osaka sont sur un escalier roulant, ils se rangent sur le côté droit pour laisser passer les gens pressés tandis que les gens de Tokyo se rangent sur le côté gauche. Ceci est vrai, que ce soit dans les gares, ou dans les grands magasins, ou dans n’importe quel endroit de la région respective. On ne peut pas dire que les gens d’Osaka soient des dextrogyres et ceux de Tokyo des lévogyres. C’est un comportement naturel de part et d’autres, mais seulement basé sur une rivalité enfantine au fond.

 

Au début de l’ère Meiji, Tokyo s’est d’abord équipé en 1887 d’une génératrice d’électricité allemande fabriquée par AEG sur les spécifications de 50 Hz, puis Osaka a suivi un autre achat de même genre en 1888 chez  l’américain GE sur les spécifications de 60 Hz. Les industriels japonais ont continué, depuis lors, à jouer sur cet héritage historique pour moderniser les installations de centrales électriques séparément.  La ligne de partage se trouve ainsi entre Shizuoka (ville aux pieds du Mont Fuji sur le Pacific) et Itoigawa (ville face à la mer du Japon). Le côté Est de cette ligne est alimenté en 50 Hz tandis que le côté Ouest en 60 Hz. Les Japonais vivent cette situation particulière depuis 124 ans, et certainement encore pour longtemps.

 

Lors du tremblement de terre de magnitudes d’échelle 9 suivi d’un tsunami monstrueux, le 11 mars 2011, qui a littéralement ravagés la région du Tôhoku côtier causant plus de 19000 morts et disparus, le manque d’électricité a été ressenti surtout à l’est de Tokyo jusqu’aux sinistrés.  L’électricité de l’ouest n’ayant pas pu être utilisée au secours de l’est  à cause de cette aberration, les industries et les particuliers ont été forcés à réaliser une économie de 10% dans leur utilisation durant toute la période d’été, où normalement la consommation d’électricité augment à pic à cause de la climatisation. Même dans ce genre de situation de catastrophes, la panne d’électricité a été évitée grâce à la solidarité de tous les Japonais autour du peuple meurtri du Tôhoku.

 

A suivre

 

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  • Tout d’abord, bienvenue à tous sur ce blog, dont l’objectif sera de partager avec vous le Japon insolite et méconnu. Je ne chercherai pas à retracer l’histoire du Japon, ni à faire un guide touristique, mais bel et bien à partager avec vous mes émotions.
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